L’enseigne Castorama traverse actuellement une phase délicate. Après avoir constaté une baisse de ses ventes de 6,6 % en 2024, suivant un recul de 5,9 % l’année précédente, l’entreprise se voit contrainte d’envisager la fermeture de plusieurs de ses points de vente. Cette situation difficile s’inscrit dans un contexte plus large de crise du secteur du bricolage en France. Plusieurs facteurs, comme la chute des transactions immobilières et la fin de l’engouement pour la rénovation post-Covid, ont contribué à exacerber les difficultés que rencontre actuellement l’enseigne.
C’est dans ce climat économique tendu que la maison-mère de Castorama, Kingfisher, a décidé de mettre en œuvre un vaste plan de transformation visant une trentaine de magasins déficitaires sur les 94 que compte l’enseigne. Ce plan inclut des fermetures, mais aussi des réductions de surfaces, des modernisations et même des changements d’enseigne au profit de Brico Dépôt, qui mise sur le discount.
Les raisons de la fermeture de certains magasins
La décision de fermer jusqu’à 30 magasins n’a pas été prise à la légère. En réalité, elle résulte d’une nécessité économique impérieuse. Avec la baisse continue des ventes et une rentabilité en berne, certaines unités de Castorama ne parviennent tout simplement plus à se maintenir à flot. Devenir « non rentable » signifie pour ces points de vente qu’ils coûtent plus cher qu’ils ne rapportent, rendant leur pérennisation financièrement impossible.
En outre, la concurrence toujours plus forte sur le marché du bricolage rajoute une pression supplémentaire aux existences déjà fragiles de ces magasins. Les crises du logement et de la construction en France, conjuguées à une diminution générale de projets de rénovation domestique post-pandémie, affectent directement la clientèle cible de l’enseigne. Ces éléments forcent donc une révision complète de la stratégie physique de distribution de Castorama.
Comment Castorama tente de contenir la crise ?
Pour faire face à cette crise sans précédent, Castorama met en place plusieurs initiatives. Si la fermeture de certains magasins est une mesure incontournable pour réduire les coûts, l’enseigne envisage également de diversifier et moderniser ses activités restantes. Une composante clé de cette stratégie est la mutation digitale de l’entreprise. En mettant davantage en avant son offre en ligne et sa marketplace, Castorama espère capter une nouvelle génération d’acheteurs habituée aux achats digitalisés.
De plus, en ciblant le segment professionnel, encore marginal dans ses opérations, Castorama souhaite attirer une clientèle B2B en proposant des services et produits adaptés spécifiquement aux besoins des artisans et entreprises. Toutefois, cela nécessite des ajustements logistiques et marketing importants pour répondre aux exigences de ce nouveau public.
Restructuration et assainissement financier
Afin de sauvegarder ses finances, Kingfisher adhère à un programme strict de restructuration. L’accent est mis sur la réduction des dépenses non essentielles et sur l’optimisation des ressources existantes. Par conséquent, la rationalisation des inventaires et la réduction des coûts d’exploitation apparaissent comme des mesures nécessaires.
Le but est bien sûr de redonner souffle et viabilité économique à la marque. Kingfisher prévoit également de renforcer les procédures de gestion pour permettre à chaque franchise ou magasin affilié de mieux contrôler ses charges, favorisant ainsi l’émergence d’une dynamique plus stable et durable parmi les établissements conservés.
Quels impacts sur les employés et la communauté ?
Avec toute période de transition vient inévitablement son lot de conséquences humaines. La fermeture possible de plusieurs sites va obligatoirement engendrer des suppressions d’emplois. Bien que la direction promette un dialogue social intensifié et des plans de reclassement pour limiter ces impacts, il est probable que la restructuration aura des effets significatifs sur le moral et la sécurité professionnelle des équipes concernées.
Par ailleurs, ces fermetures marquent une perte pour les communautés locales. Souvent implantés dans des zones relativement éloignées des centres urbains, ces magasins servent de hub commercial en fournissant des services essentiels aux habitants. Leur disparition pourrait entraîner non seulement une gêne commerciale mais également un manque plus général de dynamisme économique local.
Adaptation stratégique face aux nouvelles menaces
En plus de s’adapter à un paysage concurrentiel changeant, Castorama doit également faire face à des contraintes légales épineuses. Un amendement potentiel autour de MaPrimeRénov’, une aide gouvernementale incitant à la rénovation énergétique, inquiète particulièrement l’enseigne. S’il venait à empêcher les clients de bénéficier de cette subvention sans passer par des artisans RGE, Castorama risquerait alors de perdre un levier clé sur lequel elle s’appuie pour stimuler ses ventes.
Cette aide représente une motivation puissante pour la clientèle soucieuse de minimiser ses frais de rénovation, tout en profitant pleinement des bénéfices accordés par l’État. Voir cette opportunité s’évanouir accentuerait considérablement les défis que rencontre déjà l’enseigne, amplifiant la baisse de fréquentation observée dans nombre de ses magasins.
Quelles solutions pour rebondir ?
Outre la diversification vers le numérique, l’expansion dans le e-commerce permettrait à Castorama de lutter contre la baisse des ventes en magasin. En développant une plateforme numérique robuste, capable de gérer des commandes volumétriques avec efficacité, l’enseigne peut captiver les segments de marché qui préfèrent la commodité d’une solution en ligne tout-en-un.
La collaboration avec d’autres grands acteurs du secteur du bricolage pourrait également offrir des synergies bénéfiques. Que ce soit via des programmes communs de fidélité client, des promotions conjointes ou même des innovations co-développées, ces initiatives pourraient renforcer le capital attractif de Castorama auprès de ses consommateurs réguliers.
Le rôle grandissant de Brico Dépôt
Une autre voie explorée par Kingfisher concerne l’intégration de certains magasins Castorama sous l’enseigne Brico Dépôt. Connue pour ses offres axées sur le discount et son modèle orienté vers les professionnels, Brico Dépôt présente un profil compétitif adaptable aux nécessités actuelles du marché.
Ce repositionnement commercial permet de mutualiser les efforts marketing tout en rationalisant l’utilisation de espaces commerciaux. Réduire physiologiquement l’étendue de l’offre proposée par Castorama en concentrant cette dernière sur Brico Dépôt donne lieu à une concentration accrue de parts de marché en faveur du groupe Kingfisher.
Quelles implications futures pour l’enseigne ?
Que ces adaptations portent leurs fruits ou non dépendra largement de l’acceptation du changement par toute la chaîne des parties prenantes : employeurs, salariés et clientèle. Cette acceptation est cruciale pour réussir ce virage stratégique sans accroc majeur, permettant alors à l’entreprise de renouer avec la stabilité et la croissance.
Dès lors, il est essentiel que Castorama maintienne une communication ouverte, transparente et proactive vis-à-vis de son public. Instauration de dialogues fréquents, sondages ponctuels, retours de satisfaction, tous ces éléments participent à rester informé en continu des attentes du marché et permettent d’y répondre de manière adéquate.
Enfin, la volonté claire de préserver ce double positionnement — entre innovation technologique et ancrage communautaire — pourrait constituer finalement le salut-même de Castorama. Garantir des solutions et services intuitifs, tandis qu’elle participe toujours activement au tissu socio-économique local, reste donc un axe stratégique à approfondir.
Source : https://www.pleinevie.fr/conso-argent/consommation/castorama-en-grande-difficulte-30-magasins-cibles-voici-ce-que-prevoit-lenseigne-en-2025-153936.html
