En 2025, Carrefour a annoncé une décision marquante qui pourrait bien redessiner le paysage de la grande distribution en France. L’enseigne a décidé de transférer la gestion de 39 de ses établissements sous forme d’une location-gérance à des entrepreneurs indépendants. Ce changement n’implique pas la disparition de Carrefour en tant que marque mais plutôt une transformation stratégique pour faire face à certains défis économiques.
Les sites concernés par cette restructuration sont jugés peu rentables par le groupe. Ils se situent dans plusieurs régions clés telles que l’Île-de-France, la Bretagne, l’Auvergne Rhône-Alpes et la région PACA. Bien que ce modèle vise à préserver l’enseigne et les emplois, il provoque également des réactions variées parmi les salariés et les syndicats.
Pourquoi Carrefour choisit-il la location-gérance ?
La location-gérance est un modèle de plus en plus adopté dans le secteur de la grande distribution, particulièrement en périodes de crise économique prolongée. Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, a évoqué la nécessité de se concentrer sur les sites les plus rentables tout en essayant de limiter les impacts sociaux indésirables. Cela permet au groupe de se délester de certains coûts fixes tout en restant présent sur ces territoires.
En optant pour ce modèle, Carrefour espère renforcer sa flexibilité financière et concentrer ses ressources sur l’innovation et la modernisation des magasins restants. Il s’agit aussi d’un moyen pour l’enseigne de redynamiser des points de vente qui peinaient à attirer les consommateurs, tout en permettant à des entrepreneurs indépendants d’apporter une touche locale et personnalisée à chaque magasin. Dans le même temps, d’autres enseignes comme La Banque postale font face à leurs propres défis, avec notamment la fermeture annoncée de Ma French Bank, un exemple de transition structurée
Impact sur les employés et inquiétudes syndicales
Cependant, cette transformation n’est pas sans causer certaines tensions syndicales. Les syndicats expriment leurs craintes quant à la perte d’acquis sociaux importants pour près de 1000 employés. Ceux-ci vont effectivement perdre leur statut de salariés Carrefour et intégreront les équipes des nouveaux gérants, souvent soumis à de nouvelles conditions de travail qu’ils connaissent mal.
Ces changements entraînent une véritable onde de choc chez les employés concernés, avec des perspectives incertaines quant à la sécurité de l’emploi et aux futures conditions de travail. La logique de rentabilité à tout prix, dénoncée par les représentants syndicaux, suscite ainsi des débats animés au sein des différentes instances de négociation. Certains acteurs du marché de la mode, tels que ce célèbre magasin de mode, font face à des fermetures massives qui affectent également de nombreux employés.
Quels magasins sont concernés ?
Les établissements visés par cette transition sont répartis dans diverses régions françaises cruciales pour Carrefour. Parmi eux, on trouve plusieurs hypermarchés et supermarchés qui ont connu un manque croissant de clients ces dernières années. Ce phénomène reflète une crise généralisée dans le secteur de la grande distribution où même les géants doivent ajuster leurs modèles économiques pour rester compétitifs.
En Île-de-France, par exemple, certains sites emblématiques passeront sous la direction de nouveaux gérants indépendants. De même, en Bretagne et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, d’autres sites vivront une expérience similaire, inchangée du point de vue extérieur, mais significativement différente dans leurs opérations internes.
Liste des magasins Carrefour passant en location-gérance en 2025
Supermarchés Carrefour Market
- Auvergne Rhône-Alpes :
- Meyzieu
- Pierrelatte
- Bretagne Ouest :
- Bressuire Europe
- Chartres de Bretagne
- Gévezé
- Sancerre
- Est Centre :
- Auxerre
- Cosne d’Allier
- Cosne-sur-Loire RN7
- Ennery
- Lapalisse
- Louhans
- Miribel
- Saint-Yorre
- Grand Sud-Ouest :
- Bordeaux Belvédère
- Île-de-France Est :
- Bussy-Saint-Georges
- Melun
- Île-de-France Ouest :
- Le Pontel
- Marines
- Milly-la-Forêt
- Nord Normandie :
- Les Andelys
- Luzarches
- Mortain
- Sotteville
Hypermarchés
- Nord Normandie :
- Berck
- Évreux
- Auvergne Rhône-Alpes :
- L’Isle-d’Abeau
- Salaise-sur-Sanne
- Île-de-France (Est & Ouest) :
- Étampes
- Saint-Denis
- Montigny-lès-Cormeilles
- PACA :
- Orange
- Nice TNL
- Trans-en-Provence
- Grand Sud-Ouest :
- Perpignan – Roussillon
- Saint-Jean-de-Védas
- Bretagne Ouest :
- Fougères
- Bourges
- Est Centre :
- Dijon Toison d’Or
Conséquences pour les consommateurs
Pour les clients de ces magasins, la transition vers la location-gérance devrait être presque invisible. Les enseignes conserveront le nom de Carrefour, proposant les mêmes produits habituels. Néanmoins, avec l’arrivée de nouveaux gestionnaires, les clients pourraient bénéficier d’une meilleure personnalisation de l’offre et de services renouvelés adaptés à leurs besoins locaux.
De nombreux consommateurs espèrent que cette transformation apportera des réductions de prix ou une amélioration des expériences en magasin, car les nouveaux gérants cherchent généralement à conquérir rapidement une base de clients fidèles.
Le rôle de l’autorité de la concurrence
Dans le cadre de ces grands bouleversements, l’autorité de la concurrence garde un œil attentif sur les pratiques commerciales et la structure du marché. Avec la réorganisation de Carrefour et la reprise récente de plusieurs anciens magasins Auchan par Système U, elle doit veiller à ce que ces transformations ne nuisent pas à la libre concurrence ni aux intérêts des consommateurs.
Une redistribution équilibrée des parts de marché est primordiale ; cela permet non seulement de garantir la survie des petits commerces mais aussi d’éviter toute forme de monopole déguisé pouvant étouffer l’écosystème commercial local. L’autorité reste vigilante face à ces transactions, garantissant la transparence et l’équité des conditions commerciales.
Un nouvel élan pour Carrefour ?
Si beaucoup considèrent ces transitions comme nécessaires pour améliorer la viabilité financière de Carrefour, elles représentent avant tout un témoignage du dynamisme et de la résistance nécessaires dans un marché constamment en mouvement. Bien que ce plan ait suscité plusieurs inquiétudes initiales, il pose également les bases d’une forte adaptation avec un potentiel pour l’innovation, essentielle à long terme.
Ce modèle permettra peut-être à Carrefour de retrouver son leadership et de tenir la distance face aux concurrents agressifs qui rivalisent sur les mêmes segments. Seule l’évolution de cette stratégie au cours des prochaines années donnera un aperçu clair de sa réussite potentielle et de la nouvelle place que pourra occuper Carrefour dans l’avenir commercial de la France.